GROIX , un paquebot

 

Comme nous le savons tous, le rayonnement du nom de notre cher Caillou s’est principalement accompli grâce aux multiples escales des dundées grésillons, de leurs équipages réputés (et bien sûr de leur pêche qu’ils débarquaient) sur toute la façade atlantique française voire au-delà quand certains patrons iront tenter l’aventure de la langouste jusqu’en Mauritanie …

Mais les dundées ne sont pas les seuls à avoir fait la renommée du nom de Groix sur les mers, puisqu’une compagnie maritime bien intentionnée, les Chargeurs Réunis, prit l’initiative au siècle passé (déjà !) de baptiser une longue série de ses paquebots du nom de plusieurs îles, dont un portera celui de Groix pendant 31 années.

Voici, pour les collectionneurs de cartes « connexes » que vous êtes (et tous les autres !), un descriptif et une chronologie raccourcie de ce paquebot :

Construit par les Forges et Chantiers de la Méditerranée à La Seyne-sur-Mer (Var), Groix est lancé le 19 décembre 1921.

Ses caractéristiques principales sont les suivantes :

  • longueur : 152 m

  • largeur : 18m

  • jauge brute : 9975 tonneaux

  • port en lourd : 8400 tonnes

  • Capacité en passagers : 1ère classe : 94 – 2ème classe : 40 – 3ème classe : 84.  

  • 2 machines à triple expansion (5 chaudières) lui donnent une puissance de 6900 chevaux, et lui permettent d’atteindre la vitesse de 14,9 nœuds aux essais.
    paquebot Groix 1
 Le 11 octobre 1922, soit 10 mois après sa mise à l’eau,  Groix effectue sa première traversée du Havre à La Plata (Argentine), la compagnie assurant des lignes régulières avec l’Amérique du Sud.

 En 1925, le 20 avril, en entrant au port de Porto,  Groix talonne et une voie d’eau se déclare dans la cale n° 1. Réparation effectuée, il repart et le 24 du même mois, il aborde dans la brume l’anglais «Yorkshire » à Altona (Hambourg) sur l’Elbe. Cette fois-ci, c’est plus sérieux,  Groix doit être échoué avec une grosse voie d’eau

 Le 2 janvier 1932, il heurte une grue au Havre qui lui inflige de gros dégâts.

Arrive la période de la guerre, et nous retrouvons Groix en juin 1940 en route de Dakar à Casablanca au moment de la signature de l’armistice. Décision est prise de se dérouter sur Gibraltar puis, sur la Grande Bretagne où il est réquisitionné, réparé et mis en ordre pour la guerre. Pendant toute cette période, Groix est géré par la compagnie «Blue Funnel Line » et assurera le transport de viande entre l’Uruguay et Liverpool jusqu’en 1945 sans incident majeur « à part » un incendie sur son arrière à quai à Cardiff en janvier de la même année.

 Ce n’est que le 30 Août 1946 que  Groix vient – enfin ! - saluer de près dans les Courreaux son homonyme de schiste et gneiss puisqu’il entre à l’arsenal de Lorient (tiens, tiens…) pour refonte. Les travaux durent jusqu’en 1947, et c’est le 1er mai qu’il quitte Lorient pour Bordeaux. Le 13 du même mois, départ à nouveau pour l’Amérique du Sud qu’il connaît bien, la preuve :

Le 23 septembre Groix s’échoue dans le Rio de La Plata, sans gravité.

Idem le 6 août 1949, en quittant Bordeaux, il s’échoue à nouveau sur le banc de sable de « Trompe-Loup » à 4 milles en aval de Pauillac. Il est renfloué sans avarie par des remorqueurs au bénéfice de la marée montante.

Groix assurera des liaisons à destination de l’Indochine les années suivantes et sera finalement désarmé à Marseille le 29 décembre 1951.

 Son sort est définitivement scellé un an après :  Groix appareille de Marseille le 13 décembre 1952 à la remorque à destination de La Spezia (Ligurie, Italie) où il est livré aux démolisseurs, comme beaucoup d’autres au même endroit, avant et après lui.

Bruno Saint-Guily, 2006

Source : « Histoire des Chargeurs Réunis » de Beauge et Cogan.

 

paquebot Groix 2           paquebot Groix 3