De l'importance des débits de boisson à Groix autrefois... 
 
 

Il n'y avait pas à Groix que des pêcheurs et des agricultrices comme on l’apprend dès que l'on s'intéresse un peu à l'histoire du caillou.......Il y avait aussi des professions de service …et en particuliers des commerçants …...Parmi ceux ci un certain nombre et même un nombre certain
 de «débitants »…...
En 1838, 58 groisillons sont : « cabaretiers ou aubergistes  ».Le recensement de 1856 dénombre 33 établissements de « cafetiers, cabaretiers, hôtels. » Plus et autant que le nombre de villages !!!!!
En 1911, 51 personnes sont recensées comme étant débitants. Une profession essentiellement féminine (3 hommes seulement, qui travaillent avec leur femme ) et réservée à des natifs : seuls 5 femmes et 2 hommes sont nés hors de Groix .
La majorité de ces établissements sont tenus par une seule personne, 3 couples seulement se distinguent.
Au début du XX e siècle, alors que l'île compte un peu plus de 5 500 habitants, il y a donc environ 45 débits de boisson, inégalement répartis : 14  au Bourg et 8 à Port Tudy. Cela fait un café pour un peu plus de 122 habitants …...Le record est battu par Le Stang : 1 pour 8 habitants !
Et qu’y boit-on ? Du vin, du cidre, de la bière, des liqueurs et des eaux de vie.
Entre 1811et 1816 les groisillons font venir du continent 400 barriques de vin chaque année ( une barrique = 220 à 225 litres ) . En 1811 ce sont 200 barriques de cidre et de bière qui sont importées, en 1813 le chiffre passe à 800 pour le cidre et en 1816 à 2 000 …....
La consommation dépend de l'abondance de la récolte et du produit de la pêche !
En ce qui concerne l'eau de vie et les liqueurs les chiffres semblent plus stables soit en général 50 barriques d'eau de vie et une vingtaine de liqueurs par an.
Achat de barriques mais aussi de bouteilles : les marins qui doivent rester sur le bateau, béquillé au port pour des raisons de sécurité envoient facilement le mousse chercher une bouteille ….
Les lieux d'établissement des débits ainsi que leurs heures d'ouverture sont réglementés par la municipalité : «  Nous défendons aux aubergistes de donner à boire pendant les offices divins et de donner à boire à qui que ce soit passé 8 heures du soir en été et dans l'hiver passé 6 heures du soir sous peine de 10 francs d'amende et s'il arrive des batteries ( des soldats postés dans les diverses batteries de l'île )  chez eux ou provenant de chez eux après l'heure indue, suivant les fautes , ils payeront également une peine de 10 francs . » (RDCM 2 mai 1790)
La décision ne semble pas avoir beaucoup d'effets ….. Après de nombreuses réclamations du recteur comme des instituteurs le conseil municipal décide qu'une distance de …..15 m est obligatoire entre un débit de boisson et «  les édifices consacrés à un culte quelconque, les cimetières , les écoles primaires et les hospices …... » (RDCM 26 mai 1907)

 

tabac Groix

 
Cela a-t-il suffi à détourner du vice les enfants et à convaincre les paroissiens peu scrupuleux d'aller faire leurs dévotions ? La question reste ouverte !
En 1907 un arrêté préfectoral  fixe les heures de fermeture des cabarets : 10 heures du soir en été et 9 heures en hiver ….. ces horaires ne conviennent pas aux îliens, plus particulièrement aux marins qui peuvent rentrer de mer à toute heure du jour ou de la nuit .Un café ouvert la nuit c'est une boisson réconfortante et de la nourriture fraiche ....D'autre part les cabaretiers sont souvent les dépositaires des agrès de bateaux qui sont au port et ces agrès il faut pouvoir les récupérer à tout moment . Car en cas de mauvais temps le port, trop petit, est dangereux ; les dundees risquent de se briser les uns sur les autres, d'ou la nécessité de se mettre en sécurité dans la rade de Port Louis .Mais quid du café ?  On ne peut le nier Groix est bien une commune caféomane au XIXème et début du XXe siècle : on y consomme 50 000kg de café en 1911 …...
Mais c'est à la maison qu'on le boit, je dirai même que c'est presque la base de l'alimentation. Beaucoup de repas se composent d'une soupe de café. Le petit journal de l'époque : La Croix de l’Ile de Groix constate qu'à Groix , comme dans presque tous les pays côtiers on considère le café comme un tonique , un aliment nourrissant. Et le recteur rédacteur d'insister sur le fait qu'il est plus rapide de préparer quelques litres de café que de faire cuire des pommes de terre !!!!!!et pas besoin de surveiller la popote......Il constate donc que le café est devenu la principale nourriture dans bien des maisons. Une habitude malsaine, ajoute t-il et dénoncée par les médecins ; Pour la contrer il propose l'orge grillée, moins chère et très fortifiante …....(en plus l'orge est cultivée sur l'île ….plus besoin d'acheter du café.....) En la grillant, continue t-il, on lui donne de la couleur, avec du lait et un peu de sucre, c'est un aliment complet.
En ce début de XXIème siècle la Grecque a disparu de la plupart des maisons... ou elle est devenue objet de déco et quant au nombre de débits de boisson, il a fortement chuté  ….. quoique, Sans compter les crêperies et certains restaurants qui n'ont pas de bars ouverts toute la journée nous arrivons à une quinzaine d'établissements dont 6 à Port Tudy et dans sa montée mais seulement 5  ou 6 au Bourg  …...Une quinzaine de débits de boissons, cela fait en fait un pour 154 habitants ( la population groisillonne a été évaluée à 2318 habitants lors du dernier recensement , en 2008 ) La chute n'est donc pas si phénoménale !  . La moyenne française est de un café pour 1736 habitants à la fin de 2010 ….Mais la fréquentation actuelle est certainement beaucoup plus cosmopolite qu'autrefois …...Et pour être parfaitement honnête il faudrait avoir les statistiques concernant les stations touristiques. A noter qu'en 2010 sur les quelque 36 000 communes françaises plus de 25 000 n'ont plus de café !!!!!!

 

Anne-Catherine Viennot- Goulletquer

bistro lettre litige groix

 
Lettre adressée à Mr Queric à Kerlobras :
 
Lorsque vous faites des commandes vin dites moi bien si c’est vendu logé ou nu.
 
Monsieur je reçois à l’instant une lettre de Mme vve  Eugène Stéphant de Groix me disant qu’elle refuse une barrique de vin rouge qu’elle n’aurait  pas commandée dit-elle.
Cependant  mon voyageur affirme qu’elle l’a bien commandée. Voyez donc cette dame et faites votre possible pour qu’elle prenne livraison. Je lui ferai les échéances qu’elle voudra.
Dans le cas qu’elle refuserait tachez donc de la vendre à quelqu’un. C’est du vin de 71.60frs la barrique en comptant le fût et de 63.60 en rendant le fût.
A la rigueur je pourrais la laisser à 60 frs sur et payable à 90 jours. J’écris en même temps à cette Dame.
Merci d’avance et bien à vous.


bistro Groix